TOUTES LES ÉTOILES SONT DES PUITS
Création originale pour 3 musicien.nes / comédien.nes / danseur.ses
Avec Sonja B. Berg, Maïlys Castets et Yoann Fayolle
“Je veux me tenir sur la scène comme une fleur qui aurait poussé là par hasard.
Le spectateur est lui aussi assis, méditant sur ses propres images. Comme une fleur.
La fleur est vivante. La fleur doit respirer.
La scène raconte la vie de la fleur.”
Hisao Kanze
La fleur de l’être.
Si le théâtre a parfois quelque chose de magique, c’est peut-être parce qu’il est l’endroit où, mieux qu'ailleurs, on parvient à faire entendre ce qui ne se voit pas.
On y respire, on y transpire ce qui est invisible, on y ritualise ce qui est essentiel, on y expose les grandes interrogations de l’enfance, de l’existence, de l’ici et de l’au-delà…
Toutes les étoiles sont des puits est un spectacle sensible, une invitation à ressentir quelques-uns de ces invisibles, aussi discrets et subtils qu’essentiels. Par-delà nos blessures, par-delà les forces qui tentent de réduire les possibles de nos existences, nous voulons célébrer la magie, le mystère de la vie, lorsque celle-ci nous exhorte à percevoir autrement.
Nous sommes trois. Trois présences/absences qui pourront être tour à tour silhouettes, personnages, danseurs, musiciens, comédiens, techniciens. Trois corps-espaces. Trois corps-lumières, trois-corps-musiques, trois corps-mémoires. Nous évoquons, dansons, chantons, jouons dans un espace circulaire, sous une voûte céleste, un puits de lumière duquel nous entrons ou sortons, à l'image de ces multiples allers-retours que nous souhaitons faire entendre de l'enfant à l'enfant intérieur, de l'enfant à l'adulte, de l'inconscient au conscient, du passé au présent, du mystère à la vie.
Des actions, des images, des sensations, des voix, du chant, des corps-animaux, des textes originaux, des citations… une multitude de matières, de signes et de sensations vont rentrer en résonance avec la force, le souffle vivifiant d’œuvres à la source de nos inspirations.
Notre dramaturgie est tout doucement en train de s’écrire, comme une fresque en mouvement, vivante, inspirée par ce qui nous a profondément touché par exemple dans P.P. Pasolini, Eugénio di Andrade, Rose Ausländer, l‘art des Haïkus, Yukio Mishima, Saint-Exupéry, l’art céramique du Kintsugi, la Bhagavad Gita, le théâtre Nô… ou dans dans bien d’autres œuvres qui résonnent avec nos rencontres, nos expériences et notre intimité. Notre démarche créative s’appuie sur un dialogue entre un laboratoire d’une dramaturgie d’acteurs et une écriture intertextuelle, originale et contemporaine, inspirée par ces différentes sources.
Nous nous sommes détachés d'emblée d'une idée de dramaturgie chronologique ou reliée à un sens prédéfini, pour laisser libre cours à une déambulation onirique dont la seule logique est celle de l'évidence, du symbole et du sensible. Nous pétrissons de multiples matières que nous tâchons de faire résonner en écho les unes aux autres. Tout élément est acté, nécessaire, engagé dans l'énergie mouvante de la création. Ce pourrait être à la fois du théâtre physique, du théâtre d'image, du théâtre d'objet ?
Nous enrichissons notre matière de rituels artistiques lointains, en nous inspirant notamment de l'esthétique japonaise dans laquelle nous retrouvons, quelle qu'en soit l'expression (estampe, haïku, théâtre nô, danse butô...), cette célébration de l'invisible, cette « fleur » proprement dite, cette Rose sacrée, pure, fière et insaisissable qui vit dans notre cœur. L'art du Kintsugi, qui consiste initialement à la réparation d'objets cassés par l'utilisation de jointures en or, mais qui symbolise plus globalement l'énergie de résilience, est une de nos pistes d’exploration et de résonance. Pour que sur nos fêlures trimballées depuis l'enfance, pour que sur nos stigmates, la caresse dorée d’une mère, d’une plume ou du vent vienne se déposer, tout doucement…